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Photo du rédacteurMireille Eyermann

Un long silence de Mikal Gilmore

Editions Points


Gilmore, un nom entaché du sceau de la malédiction aux Etats-Unis. En 1976, le fils aîné, Gary, en prison pour meurtre, exige que ‘Utah rétablisse la peine capitale. Cinq balles lui arrachent le cœur. Mikal, le cadet, veut comprendre. Il enquête sur sa famille, berceau de haine, violence et folie, enracinée chez les mormons, et en dévoile les secrets infâmes, comme une tentative pour exorciser le mal.



Je vais commencer par la fin et vous dire que ce livre m’a absolument et résolument bouleversé.

Mikal, le dernier né de la famille Gilmore enquête sur l’histoire de sa famille et tente de comprendre à quel point les dysfonctionnements en ont brisés et pulvérisés les individus. C’est d’une violence hallucinante, d’une tristesse insondable et d’une force que je rencontre rarement dans un roman. Ce n’est même pas une question d’écriture, ici on se fout un peu d’un quelconque lyrisme littéraire (bien que ce soit très bien écrit), ici ce qui compte ce sont les où ? Comment ? Quand ? Qui ?

Et surtout Pourquoi ?

Le récit que nous fait Mikal Gilmore va nous trimbaler sur les routes de l’Amérique profonde, de l’Oregon, en passant par la Californie, le Texas, l’Alabama, mais surtout l’Utah des mormons. Cette famille, le père, la mère et une fratrie de quatre garçons va errer sur les routes d’états en états pendant plus d’une décennie au gré des boulots ou magouilles du père. Justement le père, Franck Gilmore, traîne derrière lui une histoire familiale pour le moins étrange et n’a jamais rien su exactement de sa filiation. Mensonges entretenus savamment par sa mère, sorte de spirite, qui l’abreuve de récits et de croyances toutes plus ubuesques les unes que les autres. Une enfance passée entre mensonges et fantômes. Il change de nom comme de femmes et d’enfants. D’ailleurs les enfants du couple naitront souvent dans des états et sous des noms différents. Ce n’est plus du brouillage de piste c’est une fuite en avant, peut être un moyen d’échapper à la malédiction.

Bessie, la mère est issue d’une famille mormone, elle a grandit dans une sorte d’obscurantisme, de croyances et de terreurs religieuses. Cette religion qui prône l’expiation par le sang versé (loi du Talion). Bessie est originaire de Provo cette ville dont la légende dit qu’elle à été construite sur le sang des indiens tués par les mormons et que celle-ci est depuis hantée. Elle sera la première de sa famille à oser se rebeller et quitter le giron familial. Ce qui aurait sans doute pu être une bonne idée, si ce n’est que son destin va l’emmener droit dans les bras de Franck Gilmore et que ces deux là seront tellement néfaste l’un pour l’autre que leur couple sera le berceau de leur damnation.

De cette union quatre garçons vont naître. Je ne vais pas vous raconter le livre, mais la violence des parents va complètement pervertir les enfants qui vont grandir entre cauchemars, dèche endémique, agressivité, fureur et malgré tout un amour réel mais toxique à un point inimaginable.

C’est une plongée hallucinante dans un drame familial qui se poursuit sur plusieurs générations. C’est vraiment poussé par son instinct de survie que l’auteur va entamer l’écriture de ce brûlot, pour comprendre, pour réussir enfin à vivre…pour une rédemption ?

De la veine du livre de Truman Capote « De sang froid », l’histoire de Gary Gilmore a été relatée il y a quelques années par Norman Mailer dans « Le chant du bourreau ». Le roman de Mikal Gilmore va plus loin, et je ne sais pas comment l’auteur a réussi à se sortir d’une telle enquête sans sombrer dans la folie.


A lire absolument.

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