Editions Fayard
Flash, fragments, vignettes, rythmes accidentés : Los Angeles est une jungle de béton trépidante où vit une foule ensauvagée. Poz et Army imaginent un meurtre qui pourrait rapporter – mais Army en sait trop, Poz va devoir l’éliminer. Gina élève seule son gosse hyperactif dans une baraque squattée par un gang du quartier. Angela se ronge les ongles en attendant que son mec se fasse descendre. Johnny pratique le zen en tirant les rats d’une cave désaffectée. Quant aux jeunes filles, certaines devraient apprendre à se méfier…Loin de paillettes et des palmiers, Larry Fondation sculpte le noir à force d’éclats de lumière – quand un de ses personnages se relève et, par sa révolte, transcende la misère.
Il existe quelques (rares) livres qui peuvent vous laisser sonné comme après avoir reçu un uppercut en pleine mâchoire…ce roman est un de ceux là. Larry Fondation raconte ce qu’il connait, médiateur de quartier à Los Angeles il brosse en quelques séquences la désespérance des laissés pour compte de la mégapole. Je parle de séquences et non pas de nouvelles car ce roman est construit comme autant de petits scénarios, l’écriture est percutante, très visuelle. L’auteur ne fait pas dans la dentelle et il n’y a pas de place pour les fioritures, c’est du brut, du compact. C’est vrai qu’il est tentant de le rapprocher d’Erik Miles Williamson (ce qui a du sens d’ailleurs), pour ma part c’est surtout a Hubert Selby Jr que j’ai pensé et également à Charles Bukowski.(dans une certaine mesure). Quoi qu’il en soit cet auteur à un véritable talent pour décrire cette faune de la Cité des Anges, il n’épargne rien ni personne, rien n’a réellement d’importance ni les choses et encore moins les gens. Il parle de la vie grouillante des quartiers populeux, des truands, des trafiquants de drogue, des voleurs, des assassins, des violeurs et quelques fois de ceux qui aimeraient bien s’en sortir. Le tout est (d)écrit sans condescendance et sans jugement, c’est également une des forces de tout ces petits récits, dire les choses telles quelles sont sans même les noircir (elles n’en n’ont pas besoin) mais sans chercher à enjoliver un tant soit peu les choses non plus.
Ce rêve américain qui n’en fini pas d’agoniser, en prend encore un sacré coup au passage. Larry Fondation passe à côté de ces cendres sans même les regarder, la vraie vie est ailleurs, et c’est bien ça qui est dérangeant, cette sensation de regarder une ville dans les yeux et d’y voir tant de noirceur, de désespoir quotidien, de vies gâchées, étriquées…le plus violent dans ce genre de bouquin c’est la constatation froide du manque de perspective et d’avenir.
En tout cas un court roman, qui se lit très vite mais se digère très lentement. Un roman qui donne à réfléchir, à ressentir. Des tranches de vies qui m’ont laissées quelques fois un goût amer…contrairement à la croyance populaire…la misère n’est pas plus belle au soleil.
J’en profite pour vous indiquer l’adresse d’un blog dont j’ai beaucoup apprécié la chronique : http://encoredunoir.over-blog.com
Je ne vous conseillerai pas de lire ce livre …faites ce que vous voulez…mais si vous y renoncez vous passerez à coup sûr à côté d’un auteur de grand talent. Ceci étant dit, je ne suis pas persuadée que tout le monde est forcément prêt à prendre sa prose en pleine figure. A vous de voir…ce n’est pas un livre qui se lit et qui s’oublie...Pour ma part j'en suis encore scotchée.
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