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  • Photo du rédacteurMireille Eyermann

Sous les bruyères de Belinda Bauer

Editions 10/18 domaine policier


Steven, n’a que douze ans. Pourtant, depuis quelque temps, il entretient une relation épistolaire avec un tueur en série. Il faut dire que la destinée familiale de Steven est des plus dramatiques. Son oncle Billy a disparu au même âge que lui, dans la lande. Persuadé que sa mère et sa grand-mère ne parviendront jamais à faire leur deuil, il entre en contact avec Arnold Avery, un assassin d’enfants aujourd’hui en prison. Pour Steven, Billy est forcément tombé entre ses griffes.

C’est le début d’une correspondance codée et dangereuse, un dialogue ambigu qui se meut rapidement en engrenage fatal. Car dans l’ombre de sa cellule exiguë, le sombre Arnold fomente son piège. Et personne n’en sortira indemne.


Voici une histoire atypique dans laquelle un jeune garçon s’adresse directement à un assassin, avec la foi et la crédulité de son jeune âge, sans mesurer véritablement les conséquences possibles et le prix qu’il risque de payer. Sa seule motivation, redonner vie à sa famille complètement détruite et à l’abandon depuis un évènement survenu des années plus tôt. L’auteur nous livre un récit d’une grande force, la psychologie de tous les personnages est très fouillée. Le bien et le mal dans un face à face saisissant.

Arnold Avery, le tueur en série pédophile est effrayant de justesse et de machiavélisme, la description de son plaisir lorsqu’il se souvient de ses nombreux meurtres, ce besoin viscéral de ressentir encore une fois cette jouissance obscène et répugnante qui l’amènera à se mettre en danger, l’impression que l’auteur est réellement entrée dans les limbes du cerveau malade de son personnage est très déroutante.

L’autre personnage du roman c’est la lande du sud-ouest de l’Angleterre. Exmoor, endroit désolé et battu par les vents ainsi que la prison de haute-sécurité de Dartmoor qui domine d’immenses étendues de bruyères noyées sous les brumes. Ces landes que l’adolescent va parcourir inlassablement avec sa bêche dans l’espoir de retrouver une trace de cet oncle disparu il y a des années et dont la disparition continue à hanter sa famille, pour permettre à sa grand-mère de faire le deuil et quelle cesse enfin d’attendre près de la fenêtre le retour de cet enfant disparu. Tâche immense et croisade insensée pour un si jeune garçon.

Ce roman commence lentement, installe les protagonistes, nous familiarise avec leurs vies et soudain tout s’enchaine. L’histoire de cet enfant dont l’empathie pour sa famille va le conduire au bord d’un précipice vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. La fin est un peu attendue mais le récit est tellement bien ficelé que tout fonctionne admirablement bien. L’histoire est construite comme un puzzle dont toutes les pièces vont petit à petit se mettre en place et conduire le jeune Steven dans un cauchemar absolu. L’écriture de Belinda Bauer est très vivante, il faut dire que la dame est journaliste et scénariste et son roman à un rythme très « cinématographique », ce qui rend le tout encore plus plausible et terrifiant. Un roman à lire absolument.

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