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Photo du rédacteurMireille Eyermann

Petite Louve de Marie Van Moere

Éditions La Manufacture de livres


Une mère est confrontée au drame que chaque parent redoute. Elle décide de se faire justice et prend la fuite avec sa fille. Mais celui qu’elle croît être un monstre, c’est aussi un fils et un frère, issu d’une famille de Gitans sédentarisés « défavorablement connus des services de police », comme on dit pudiquement. Une famille, elle aussi, avec son histoire et ses drames, et à laquelle on ne s’attaque pas impunément. Sur les routes de Corse, mère et fille vont se découvrir, tantôt proies, tantôt criminelles.


Premier roman pour Marie Van Moere et direct dans le mille. Je dois dire que la lecture de la quatrième de couv’ m’a un peu refroidie de prime abord, car je ne voyais pas comment l’auteur allait pouvoir traiter ce sujet sans tomber dans le pathos ou la facilité et être obligée d’utiliser des ficelles grosses comme des cordes à linge…et bien je dois dire que je me suis trompée sur toute la ligne ! Le thème est vieux comme le monde, une femme, une mère, cherche à se venger de l’homme qui a violé sa petite fille. Difficile de faire plus cliché et pourtant, le sujet est traité avec beaucoup d’émotions et on suit pas à pas ces deux femmes – la mère et sa fille en début d’adolescence – on prend la fuite avec elles, on a peur avec elles, et on ressent le mal-être de l’enfant et la rage aveugle de la mère.

Cette cavale effrénée entre Marseille et les paysages sublimes de la Corse à tout du road-movie bien ficelé, mais également du parcours initiatique. Elles vont se chercher, se trouver, se faire mal, se protéger. Il est difficile de savoir laquelle des deux est le plus en souffrance, qui prend soin de l’autre. L’adolescente meurtrie dans sa chair, dans sa jeune vie qui subit ce viol odieux ou la mère, éperdue de douleur, qui n’obéit plus qu’à cette vengeance aveugle et qui entre dans cet engrenage infernal.

De l’autre côté la famille du violeur est très bien analysée. Les deux frères, d’une violence bestiale, ne cherchent pas à comprendre ou à savoir le pourquoi du comment. La sœur et la mère ne sont pas en reste, et on comprend très bien que la violence aveugle fait partie de l’histoire familiale, comme un gène pourri qui enferme ces personnages dans des huis-clos mortifères et absurde de violence.



Ici, des deux côtés, le duo mère/fille et celui des deux frères, règne la loi du Talion et cela donnera lieu à une vendetta implacable et sauvage.

Marie Van Moere passe allègrement de scènes sanglantes particulièrement dures à un lyrisme d’une belle sensualité lorsqu’elle parle des immensités de la nature, des émotions partagées. Tout est décrit avec force et pudeur.

Bien sûr ce roman soulève aussi la question de la légitime défense et de la vengeance. On comprend très vite ou va conduire la douleur de la mère, les premières pages d’ailleurs ne laissent aucun équivoque sur le sujet et on creuse ce trou avec elle. On creuse et on s’enterre un peu plus à chaque pelletée, comme un adieu à sa part d’humanité. Elle creuse et enfoui un assassin, mais comment ne pas voir que cette escalade de violence ne mène nulle part et plus surement la met sur le même pied d’ignominie que cet homme qu’elle hait. Ce personnage de femme ne peut qu’être touchant mais Quid de la violence ? A-t-


on le droit de se faire justice soi-même et où mène cette quête infernale ?

Il y a pourtant un espoir de rédemption, une lueur de bonheur possible dans les montagnes Corse, auprès de ce berger taciturne. Mais peut on échapper au destin que l'on se choisi ? Est-il possible de faire machine arrière et de recommencer sa vie ?

Une très belle découverte, une bonne pioche pour La Manufacture de livres, qui trouve là une femme à l’écriture puissante et chargée d’émotions. Un très beau premier roman, un très beau livre tout simplement.

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