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  • Photo du rédacteurMireille Eyermann

Les fantômes du Delta d'Aurélien Molas

Éditions Albin Michel


Le Delta du Niger, l’enfer sur terre : marées noires dévastatrices, paysans réduits à la famine, guérilleros traqués par des militaires sanguinaires. Pour les multinationales qui en exploitent l’or noir, une manne. Mais aujourd’hui, elles ont peut être trouvé mieux que le pétrole…

Face à leur cynisme, que pèsent les idéaux de deux médecins humanitaires bien décidés à ne pas les laisser faire ? L’Afrique et ses fantômes hantent cette odyssée pleine de violence et de fureur. Eloge de l’espoir, fresque épique tout autant que thriller, « Les Fantômes du Delta » confirme l’incroyable talent d’Aurélien Molas pour instiller dans le suspense cette soif du mal qui ronge les hommes.

Par quel bout prendre cette chronique ? D’abord il y a un historique entre le Nigéria et moi. Je m’explique : à la fin des années 70 alors que je n’étais encore qu’une petite fille j’ai pris conscience tout d’un coup et très violemment que les choses n’étaient pas aussi simples ailleurs. Je me souviens que la télé distillait des images de la guerre du Biafra, avec tout son cortège d’horreurs, d’enfants terrassés par la famine et les maladies et ces visions cauchemardesques sont restées collées dans ma mémoire. C’est à ce moment là que j’ai pris la pleine mesure de la différence, d’un ailleurs, des autres…presque les prémices d'une conscience politique. Il y a comme cela des faits, des périodes qui peuvent marquer à vie une âme d’enfant et je dois dire que ma révolte par rapport à la souffrance et l’injustice ne m’a jamais quittée depuis. Il y a eu par la suite bien des raisons d’être révoltée par ce qui se passait dans ce coin de l’Afrique et l’exploitation du Delta du Niger par les compagnies pétrolières est un scandale humain et écologique ahurissant.

Ici l’auteur nous livre un opus hallucinant, qui va bien au-delà du thriller « classique ». C’est un roman noir historique, géo politique et d’aventures – je me demande quelle étiquette les chroniqueurs vont bien pouvoir trouver pour le décrire – La construction de l’histoire est ambitieuse et menée avec beaucoup d’intelligence. Les personnages sont d’une grande densité, les ambiances restituées avec justesse et sensibilité. Son Afrique est telle que je l’imagine, dangereuse, frémissante, fiévreuse, violente, superbe et par-dessus tout rongée par la corruption. Aurélien Molas à sans doute compulsé des tonnes de documentation tant il est vrai que ses descriptions sont troublantes et criantes de vérité.

Ce qui donne encore plus de poids à son récit c’est le subtil mélange de faits et de personnages réels, Henry Okah existe bel et bien et a été un des principaux leader du Movement for the Emancipation of the Niger Delta – M.E.N.D. Les compagnies pétrolières continuent de déverser l’or noir Nigérien et d’empoisonner le sol Africain. Les habitants du Delta du Niger sont toujours aussi pauvres et les médecins des ONG travaillent encore dans des conditions effroyables pour des résultats dérisoires.

Ce roman d’Aurélien Molas est brillant, et je ne suis pas souvent dithyrambique, une fresque fracassante et envoûtante sur fond de corruption, un style évocateur et puissant. Hors de question de passer à côté d’un tel bijou alors je vous conseille ardemment de vous le procurer…et je vous souhaite, comme cela à été le cas pour moi, de vous laisser emporter par la force de cette histoire. Tout simplement extraordinaire.

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