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  • Photo du rédacteurMireille Eyermann

Le paradoxe du cerf-volant de Philippe Georget

Editions Jigal


"Dans une salle surchauffée de la banlieue parisienne, Pierre, 27 ans, boxeur en plein naufrage, vient ce soir de perdre le combat de trop Critiqué, sonné, déprimé, les doutes l’assaillent et la retraite se profile, contrainte et forcée. Afin de préparer sa reconversion il accepte de jouer les « gros bras » pour Lazlo, un prêteur sur gage croate réfugié à Paris…Que l’on retrouve bientôt sauvagement torturé et assassiné. Soupçonné et accusé du meurtre par les flics, poursuivi par des tueurs serbes, traqué par d’anciens légionnaires au service d’un mystérieux commanditaire, Pierre plonge au cœur d’une histoire embrouillée à laquelle il ne comprend rien et qui semble prendre sa source dans les terribles massacres de civils des années 90 en ex-Yougoslavie.

Baladé par Sergueï, l’ami réfugié politique et chauffeur de taxi, mis sous pression par le commissaire Lefèvre qui cherche on ne sait quoi, troublé par Julie, la fliquette, perturbé par ses propres fantômes, Pierre se sent manipulé…il perd pied, doute, picole et titube. Mais épaulé par le vieil Emile – l’indéfectible entraîneur – Pierre va retrouver son souffle, ses réflexes, ses jambes et son punch destructeur pour livrer sous les projecteurs son ultime combat ! "

Outre la qualité d’écriture de Philippe Georget, il y a également une construction de l’histoire qui est absolument remarquable. Un va-et-vient incessant entre le présent du héros et son passé, une véritable plongée dans son enfance jalonnée de drames qu’il tente en vain d’enterrer alors que celle-ci persiste à refaire surface. Il nous entraîne également dans l’histoire douloureuse des Balkans (histoire complexe s’il en est) et du démantèlement de l’ex-Yougoslavie (il y a d’ailleurs quelques faits dont je n’avais plus souvenir et qui donnent un éclairage des plus intéressant à ces parties du roman, mettant à jour le rôle de l’Europe dans ce conflit…édifiant). Le jeune boxeur se retrouve au cœur d’une machination sordide, seul et trahi par celui même qu’il pensait être son ami.

C’est vers la fin de l'histoire qu’arrive l’explication de l’étrange titre de ce roman. Alors peut être ne devrai-je pas le faire mais je trouve ses quelques phrases très belles et j’espère qu’elles vous donneront envie de lire ce livre.

« -Les hommes sont des cerfs-volants, poursuit-il. Nous pestons souvent contre les liens d’amour et d’amitié qui nous entravent, et qui, croit-on, nous gênent pour réaliser nos rêves. Il inspire à nouveau trois longues bouffées. La cigarette est déjà consumée. Sergueï la contemple avec regret puis la laisse tomber et l’écrase sous sa semelle. Il lève les yeux vers moi. Son regard sombre est inquiet. – Mais quand le vent souffle, ce sont ces liens qui nous sauvent. Toujours. Eux seuls nous empêchent de nous écraser. Il prend mon visage dans ses mains et pose son front sur le mien. – Avec mon départ, c’est une de tes dernières lignes qui se brise, mon fils. Tu devras faire attention à toi quand la tempête va souffler. Car elle va encore souffler pour toi. Bientôt. Fort. »

En bref, l’auteur nous balade entre le roman noir et le roman psychologique, il va bien au-delà de l’intrigue policière, mêlant habilement la Grande Histoire et le destin de son personnage. Je tiens à dire, d'autre part, que la fin de l'histoire est remarquablement bien menée et tout aussi "soignée" que le reste du texte (ce qui est important car je trouve que bien souvent c'est la partie la moins bien fouillée). Le style de Philippe Georget est à l’image de son roman, habile, prenant, généreux, direct…shadow dancing.

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