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Photo du rédacteurMireille Eyermann

La nuit de l’accident d’Elisa Vix

Dernière mise à jour : 20 oct. 2020

Editions Rouergue Noir


Que s’est-il vraiment passé la nuit de l’accident. La nuit où une voiture s’est écrasée dans le Célé et où un homme a été retrouvé mort, sur la berge ? Nat, la jeune vétérinaire qui vit avec Pierre dans la ferme toute proche, ne va pas tarder à se poser des questions. Alors que son couple bat de l’aile et que son employeur se livre à un infect chantage, d’étranges évènements surviennent dans ce coin perdu du Cantal. Un motard conduit sa machine avec la détermination d’un kamikaze. Un vieux rebouteux à moitié fou prend Pierre pour son oncle, résistant mort pour la France. Un campeur énigmatique, beau comme une publicité pour le Club Med, fouine un peu partout.


Un polar rural ! A priori rien qui pouvait me faire vraiment palpiter étant le genre de citadine que trop de vert rend nerveuse. Les deux personnages sont de premier abord plutôt ordinaires et stéréotypés. Lui : homme de la terre, force de la nature, taciturne, mutique…Elle : fille de la ville, jolie, gaie, du vif-argent dans les veines. Elle l’a aimé pour son côté placide et rassurant mais aujourd’hui ne le reconnait plus. Il s’est muré dans le silence et l’un comme l’autre sont dans une impasse affective et voient leur couple se désagréger sans trouver la force, l’envie ou tout simplement le mode-d’emploi pour se retrouver.

Entre eux des non-dits pesant en pagaille et un mystère…que s’est-il passé le soir de l’accident ?

L’intrigue est classique, mais bien ficelée. L’intérêt réel de ce roman est bel et bien l’histoire de ce couple qui se déchire dans le silence. Ils s’aiment mais n’arrive plus à se le dire, quoi de plus banal et de plus triste. La sensibilité est à fleur de peau et l’auteur a construit son récit en donnant la parole tour à tour aux deux protagonistes et c’est là qu’Elisa Vix est très forte car elle réussit à faire ressentir les sentiments de l’un et l’autre tantôt avec une vision féminine tantôt masculine et, par là même, pose la question de la possibilité de se comprendre avec toutes ces différences (mais c’est un autre débat).

Les personnages qui gravitent autour des deux héros sont bien campés et surtout servent l’histoire à merveille. Ce qui m’a vraiment étonné c’est la profondeur de l’analyse psychologique de Pierre et Nat (le couple), ainsi que l’aisance avec laquelle l’auteur arrive à nous faire ressentir et vivre les paysages et les endroits dans lesquels le récit se déroule. Pour un peu on pourrait sentir la paille et l’odeur de l’étable !

Je cherchai justement le mot…ce roman noir, car oui c’en est un, a une ATMOSPHERE palpable et omniprésente.

Le rythme est assez lent au départ (j’ai dit lent et non pas ennuyeux) et permet d’entrer dans la vie du couple, de comprendre leurs passions : lui qui se battrait jusqu’à la mort pour sa terre et sa ferme, elle qui aime éperdument son métier (elle est vétérinaire). Tout semble les rapprocher pourtant le manque de communication va tuer leur amour inexorablement.

Au fur et à mesure le récit va gagner en densité et je dois dire que les dernières pages m’ont assise car je ne m’attendais pas du tout à ce dénouement.

Ce court roman (144 pages) et un vrai délice et s’avale comme un bol de lait chaud pris dans la cuisine odorante d’une ferme. Ne passez surtout pas à côté ce serai vraiment dommage, d’autant plus qu’au-delà de l’intrigue et de la grande maîtrise des personnages, l’écriture d’Elisa Vix est bien agréable, très imagée et la dame ne manque pas d’humour. Vu l’histoire et la chute je ne dirai pas que le bonheur est dans le pré, mais l’auteur a parfaitement réussi à me dépayser…Tiens, je vais aller embrasser un arbre.



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