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  • Photo du rédacteurMireille Eyermann

La griffe du chien de Don Winslow

aux Editions Points


Art Keller, le « seigneur de la frontière », est en guerre contre les narcotrafiquants qui gangrènent le Mexique. Adàn et Raùl Barrera, les « seigneurs des cieux », règnent sans partage sur les sicarios, des tueurs armés recrutés dans les quartiers les plus démunis. Contre une poignée de dollars et un shoot d’héroïne, ils assassinent 00 pages policiers, députés et archevêques. La guerre est sans pitié.


Attention chef-d’œuvre ! Et c’est une chance car sinon ce pavé de 800 pages aurait pu être indigeste. Un roman qui va mettre en scène un flic de la DEA (Drug Enforcement Administration, service de police fédéral américain dépendant du Département de la Justice des Etats-Unis, chargé de la lutte contre les stupéfiants et leur trafic), et les trafiquants de drogue mexicains…cela peut sembler simpliste de prime abord sauf que Don Winslow apporte des connaissances troublantes et pointues ainsi qu’un regard vif et sans concession sur les polices et les narquotrafiquants du puissant quartel de Sinaola, qui maîtrise actuellement la majeur partie du trafic à destination des Etats-Unis.


Le héros de ce roman, Arthur Keller agent de la CIA, est envoyé (dans les années 1975) au Mexique afin de nettoyer la région des puissants quartels qui la gouverne et qui déversent la drogue aux Etats-Unis. L’opération Condor peut commencer…Tout y est, la corruption, les intérêts financiers hallucinants, les manipulations diverses, la violence (ah oui ?), la religion (la montée de l’Opus Dei au Mexique), la politique…une véritable guerre sale.

Ce roman à une envergure extraordinaire et j’ai eu bien du mal (je n’ai pas vraiment essayé d’ailleurs) à démêler ce qui est du domaine du réel ou de la fiction.

Les personnages sont fabuleux et la dimension politique et sociale de ce roman m’a littéralement subjuguée. Car il ne s’agit pas uniquement de dénoncer les monstruosités commises au Mexique, mais également de prendre en pleine tête les réalités qui sont derrière ces trafics et cette guerre qui laisse toute une population dans un désarroi et une désolation sans fin. Car ne vaut-il pas mieux laisser les gangs s’entretuer plutôt que de risquer le soulèvement organisé d’une population exsangue. Don Winslow ne donne pas de solutions (en existe-t-il ?) mais son roman a le mérite d’amener le lecteur à s’en poser.


Ce roman est assez complexe notamment en raison de la démultiplication des points de vue et des allers—retours dans différentes époques. Mais pas de panique, tout est formidablement bien maîtrisé et admirablement bien documenté.


C’est une fresque magistrale, dans laquelle les frontières entre le bien et le mal sont malmenées, rien n’est simple dans ce récit mais tout est terriblement prenant.



Une lecture dont on ne ressort pas indemne assurément mais que je vous conseille fortement. Ce n’est pas si souvent qu’un roman aussi fascinant me tombe entre les mains.

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