Collection Regiopolice
Dunkerque. La vie de la brigade criminelle est morose. Depuis la mort de sa mère, Stéphane Marquet n’est plus le même. Fermé, agressif, replié sur lui-même, il effectue en outre de nombreux déplacements mystérieux durant ses jours de repos dont il revient hagard. Les cas sordides se succèdent, la misère sociale rattrape ces hommes et ces femmes de plein fouet, les affaires pathétiques et désolantes se suivent et rien ne semble enrayer la sinistrose qui gagne les troupes. Le capitaine Dacié semble être le seul à ne pas se rendre compte du climat délétère qui s’installe au sein de sa brigade. Pavanant au bras de la jeune Sonia (la sœur de Marquet), héros local suite à un livre qui vient de lui être consacré, il est aveuglé par sa félicité conjugale et médiatique, sans se rendre compte des fissures qui s’installent dans son couple. Un meurtre particulièrement sordide vient briser la monotonie des faits divers dunkerquois : un cadavre rendu inidentifiable est retrouvé dans le port. Mais des détails étranges subsistent sur la scène de crime. Comme si les meurtriers, en dépit de leurs efforts, avaient sciemment laissé traîner un début de piste…
Dernier volet de la tétralogie Dacié et Marquet « Dunkerque, Baie des Anges » et un roman des plus réussi. La série a débuté en 2007 avec « Bienvenue à Dunkerque », puis en 2008 « L’abattoir dans la dune » suivi en 2009 du troisième de la série « Le cimetière des morts qui chantent ».
J’avais lu auparavant, deux romans de Maxime Gillio « Les disparus de l’A16 » et « La fracture de Coxyde » ainsi que la nouvelle parue dans le recueil ‘Les auteurs du Noir face à la différence ». les deux romans sont des petits bijoux de polars déjantés avec des personnages improbables et hauts en couleurs, la nouvelle est écrite avec une belle sensibilité et des mots à fleur de peau. Avec « Dunkerque Baie des Anges » je prends réellement la mesure de l’étendu du registre de cet auteur. C’est une histoire noire, très noire. Je savais qu’il y avait trois romans qui le précédaient et je dois dire que je me suis demandé si cela n’allait pas nuire à ma compréhension du récit. Il n’en a rien été. Ce roman se lit très facilement et le fait de n’avoir pas eu connaissances des opus précédent ne m’a en aucune façon gêné.
L’intrigue est bien ficelée, efficace. Les descriptions de la misère sociale sont tellement réalistes quelles donnent froid dans le dos, mais par dessus tout, ce que j’ai aimé ce sont les portraits des différents protagonistes. Principalement Dacié et Marquet ; Le premier est suffisant, imbu de lui-même, aveugle à ce qui se passe autour de lui, nimbé dans son auto satisfaction, incapable de percevoir le profond mal être de la femme qu’il aime, quant à Stéphane Marquet il est sanguin, impulsif, sourd à ce qui n’est pas sa propre opinion, rugissant, ruant dans les brancards mais également désespéré. Des traits qui sont on ne peut plus humain – et je dirais même très masculin. D’ailleurs c’est une des nombreuses qualités de ce roman, il n’y a pas de Zorro ou de James Bond, tout n’est pas beau (très loin de là) tout le monde n’est pas gentil…les flics sont humains et corruptibles, tout est fait pour que l’histoire soit crédible, avec ses touches de lumière et ses zones d’ombre. Les autres personnages ne sont pas en reste, Sonia, courageuse mais blessée au plus profond d’elle-même, épuisée par l’indifférence de l’homme qu’elle aime et les différents tueurs (mention spéciale pour Victor :o)) sont malsains et écœurants à souhait. Tout ceci donne un polar vif, sans temps mort. Une plongée dans l’ambigüité de l’âme humaine, ses détours, ses recoins glauques.
Un roman qui se lit très rapidement, qui garde son intérêt jusqu’à la dernière page et, chose qui est assez rare pour être notée, une fin aussi bien travaillée que le reste du roman. Un petit regret cependant…je découvre ces deux héros au moment où ils vont disparaitre, je les avais bien adopté moi, ces deux policiers. Me reste donc maintenant à lire la tétralogie dans le sens inverse et à découvrir les romans précédents.
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