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  • Photo du rédacteurMireille Eyermann

Criminels ordinaires de Larry Fondation

Editions Fayard


La flash-fiction de notre époque : rapide, violente et sexy. Après « Sur les nerfs » (Fayard 2012), Larry Fondation ouvre un nouveau chapitre d’une vaste biographie de Los Angeles, qui se veut aussi l’histoire de la pauvreté au cœur de la plus grande démocratie du monde. Ses criminels sont les citoyens ordinaires de la jungle urbaine. Par un passage à l’acte, ils libèrent le mal tapi en eux. Délit de fuite, racket, mensonge, cavale éternelle… En quelques mots, simples et flagrants comme un délit. Larry Fondation fait surgir un concentré de réalité. Et nous embarque avec lui. Médiateur de quartier, il ne nous parle pas de la vie comme dans les livres, mais comme nous la vivons.



Non, ce roman n’est pas un recueil de nouvelles, c’est un recueil de fragments de vies éclatées, des anecdotes, des phrases qui disent la misère et les vies à la marge. Pas de grand banditisme, des gens ordinaires qui basculent, qui sombrent, qui se noient dans l’horreur banale. Pourquoi l’horreur ? Parce que vivre dans la décrépitude, se faire braquer pour trois fois rien, consommer du sexe comme on fume une cigarette, picoler jusqu’à se perdre corps et âme, tenir grâce à la dope, se faire violer, voler, tabasser, tout ça avec tout le détachement possible c’est l’horreur au quotidien vécu par les personnages de ce livre. Le sexe y tient une place particulièrement peu ragoûtante. Tous les coïts sont vécus comme autant de douleurs jusque dans la jouissance. Le sexe c’est un film pornographique que l’on se repasse à satiété, partenaire conciliant ou forcé.

C’est le royaume des petites combines pour s’en sortir, des solutions bancales. Pas besoins de lire dans les lignes de la main pour deviner ce qui attend les habitants des quartiers pauvres, ce sera la loi du pire ou lorsqu’ un problème surgit et que deux solutions s’offrent, celle choisie est systématiquement la plus pourrie. Pourquoi ? Parce que la « gagne » ce n’est pas inné, parce que lorsque la laideur et la bêtise sont les seuls horizons il est difficile de voir les choses en couleurs. Pourtant la soif de vivre est bien là, peut-être encore plus farouche et plus forte qu’ailleurs, sans doute parce que justement on en connait le prix.

Heureusement que dans tout ce fatras il y a l’humour, et Larry Fondation n’en est pas dépourvu car il semble toujours trouver une pirouette malgré la crudité des situations et des propos. Ce qu’il nous donne c’est la vie des oubliés du rêve américain, les éclats de sève de ceux qui ne veulent pas mourir ou du moins pas sans avoir jouis une dernière fois. Ce sont les quartiers pauvres de Los Angeles et des traîne-misère qui les hantent. Et tout d’un coup la cité des anges à une de ces gueules !

Je trouve ce deuxième opus encore plus fort que le précédent, plus accessible aussi. Le pire c’est que je pense que l’auteur nous livre tout cru ce qu’il côtoie tout les jours, il est vrai que les situations racontées peuvent se dérouler dans n’importe quelle grande ville du monde. Ce que je veux dire aussi c’est qu’il n’y a rien de gratuit, c’est violent certes mais on sent derrière tout ça une véritable affection pour tous ses personnages ou tout du moins aucun jugement. Larry Fondation est un observateur hors pair et il nous livre ces petits bouts de vie avec une efficacité déconcertante. Bluffant et puissant.

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